Qui en veut à l'État de droit ?
Pouvoirs n°193
«Pas intangible, ni sacré ». Qui aurait cru, il y a encore quelques années, qu’un ministre de l’Intérieur pourrait qualifier ainsi l’État de droit ? Bien sûr, il y a toujours eu des contestations, en particulier chez les anarchistes qui refusent l'État ou chez les contre-révolutionnaires qui haïssent le droit. Mais si l'"État de droit" peut être brandi à l'appui des politiques les plus variées, la parole dominante l'invoquait jusqu'ici comme un mantra. Pouvoirs s’arrête aujourd’hui sur les discours et les pratiques qui l’attaquent de toutes parts. Le lecteur verra ainsi à l’œuvre la montée des populismes, des gouvernements qui souhaitent s’affranchir des barrières juridiques ou mentent à leurs populations, des juristes qui voient dans l’État de droit un concept dépassé face à la crise économique ou s’en prennent aux juges et aux droits de l’homme, des médias qui invoquent la liberté d’expression pour déverser sans entrave une idéologie d’extrême droite. Il existe heureusement des moyens de lutter, en Europe notamment, comme le montrent les derniers articles de ce numéro.