Olivier DUHAMEL, Marc SADOUN

Introduction

Pouvoirs n°30 - L'école - septembre 1984 - p.3

L’école divise. Elle divise les chercheurs qui s’interrogent, comme le souligne Roger Girod, sur ses fonctions et sa capacité à réduire les inégalités. Elle divise les gouvernants qui cherchent les remèdes et observent les choix de l’étranger. L’école doit-elle assurer l’épanouissement des minorités ou privilégier la création d’une élite compétente ? C’est le débat américain dont Nathan Glazer rend compte. Doit-elle associer l’industrie à la formation des élèves ? C’est la solution allemande, analysée par Jean-Jacques Silvestre. Doit-elle doubler le baccalauréat d’une sélection à l’entrée de l’université ? C’est la pratique japonaise, rejetée par Antoine Prost.

L’école enfin divise les citoyens : ceux qui veulent l’unifier au nom de la laïcité, ceux qui veulent la diviser au nom du libre choix, Michel Bouchareissas et Jacques Ellul.

Autant de divisions, autant de frontières. Car l’école n’épouse jamais totalement les clivages que produisent les autres champs. Même pas le clivage politique, souligne Philippe Raynaud, plutôt sensible à l’idée que l’école, sous la Ve République, rassemble les gouvernants, de droite ou de gauche, sur les orientations de la réforme pédagogique. Des conclusions que ne reprendrait pas Louis Legrand, promoteur de la réforme des collèges dont il expose ici les principes essentiels.

Comme tous les lieux de pouvoir, l’école fait peur. Elle politiserait nos enfants. Annick Percheron prouve qu’il n’en est rien et que les parents sont plus socialisateurs que les enseignants. L’école en tout cas vit. Par ses élèves, de plus en plus nombreux, circulant entre les filières, entre public et privé, différemment selon les régions comme l’indiquent les données statistiques ici rassemblées. Par ses syndicats : le SNI d’abord, dont Véronique Aubert souligne la force par l’aptitude à souder une communauté disparate. Par ses enseignants enfin : c’est l’histoire commune à tant d’enseignants, c’est son histoire singulière qu’Annie Raynaud raconte.

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