Olivier DUHAMEL, Hugues PORTELLI
Introduction
Pouvoirs n°28 - Le RPR - janvier 1984 - p.3
D’où vient-il ? D’une « entreprise politique » préexistante, l’UDR, conquise et transformée par un homme, Jacques Chirac. Après l’expérience social-mitterrandienne du début des années soixante-dix, l’expérience gaullo-chiraquienne offre un exemple de choix pour l’étude de la transformation d’un parti (Michel Offerlé) aujourd’hui totalement dominé par son chef (André Passeron).
Que fait-il ? Dans l’opposition depuis mai 1981, il développe une stratégie et une tactique axées autour de trois fonctions, constituante, critique et programmatique (Jean Chariot).
Où se situe-t-il ? Par rapport à l’UDF, il semble impossible de le classer définitivement plus à droite, sondages ou votes à l’Assemblée nationale reflétant plutôt une unité d’ensemble et des contradictions secondaires (Jean-Marie Colombani). Par rapport au gaullisme, la transformation des thèmes paraît saisissante, qui accentue l’impression d’une droite unifiée à l’emblème du néo-libéralisme (Jean Baudouin). Cette mutation est confirmée par l’avènement de nouveaux élus RPR, idéologiquement et sociologiquement éloignés du gaullisme d’antan (Jacques Frémontier).
Que pensent-ils ? Les cadres intermédiaires du RPR ne se voient pas à droite et aiment à se dissocier de l’UDF, atténuant ainsi l’idée directrice d’une « dégaullisation » (Colette Ysmal).
Qui sont-ils ? La sociologie des adhérents du RPR confirme que ce grand parti a perdu ses assises populaires au profit des classes moyennes et supérieures, avec un poids accru – excessif ? – des non-salariés (Patrick Guiol et Eric Neveu). Une enquête dans la Fédération du Morbihan conclut dans le même sens et atteste la réduction du militantisme aux activités électorales (Philippe Portier). L’évolution électorale accentue la banalisation du gaullisme et l’insertion des élus dans la classe politique modérée (Robert Ponceyri). Mais la prolifération des clubs et groupes d’intérêt qui gravitent autour du RPR constituent peut-être une des clefs de son hégémonie sur l’opposition (Pascal Sigoda) que le développement de liaisons internationales parachève (Hugues Portelli).
Tout paraît alors en place pour la reconquête du pouvoir. Aux seules réserves… du jeu des autres, des évolutions politiques, économiques et culturelles, nationales et internationales ; et de l’imprévu historique qui, comme toujours, aura, par la voix du suffrage universel, le dernier mot.