Introduction

On publie beaucoup de sondages mais l’on écrit peu sur les sondages. Pouvoirs a voulu combler cette lacune, en faisant appel aussi bien à des professionnels du sondage qu’à des spécialistes de la critique des enquêtes d’opinion.

Que ce numéro ait quelques lacunes, nul n’en doute, mais si l’on veut bien admettre qu’il était impossible de tout traiter dans les quelque cent quarante pages consacrées à ce thème, qu’en conséquence les sondages de marketing commercial ont été délibérément écartés pour ne se consacrer qu’aux sondages politiques, lato sensu, et, que, dans ce cadre, nous sommes pour l’essentiel restés dans l’espace français, aucune grande question n’a été écartée, du moins délibérément.

Le lecteur trouvera donc nombre d’informations et de réflexions inédites. D’abord de par la diversité des auteurs : à lire dans un même volume Pierre Bourdieu et Jérôme Jaffré, Bernard Rideau, qui conseilla le Président Giscard d’Estaing, et Gérard Le Gall, qui conseille le Parti socialiste, Guy Michelat-Michel Simon, chercheurs s’il en fut, et Eric Dupin, journaliste à Libération, on conviendra que la réunion est inhabituelle. Ensuite, parce qu’une revue scientifique ne dédaigne pas pour autant le «scoop ». Les instituts de sondage n’avaient jamais divulgué leur chiffre d’affaires, leur bénéfice, les statuts de leurs enquêteurs, leurs techniques d’enquête, le prix de vente de leurs sondages. Ils le font ici, en donnant des réponses qui les ont parfois informés eux-mêmes. Autre exemple, en matière électorale une Commission des sondages effectue, depuis 1978, contrôles et mises au point. Grâce à son secrétaire général, Philippe Crouzet, on découvrira une étude exhaustive de sa jurisprudence.

Quant à savoir si après la lecture de Pouvoirs n° 33 les sondages seront un peu plus dépouillés de leur sacralité parfois ridicule, un peu moins l’objet de critiques obscurantistes, et un peu plus susceptibles de servir l’analyse du réel et de ses représentations, chacun en jugera.