Denis LACORNE
La politique du soupçon d’immoralité : comparaisons franco-américaines
Pouvoirs n°65 - avril 1993 - Morale et politique - p.89-98
L’attaque contre le « caractère », c’est-à-dire l’intégrité ou l’honorabilité d’un adversaire politique, est un phénomène fréquent aux Etats-Unis. La « politique du soupçon d’immoralité » n’est pas une survivance de la tradition puritaine américaine. C’est plutôt le résultat concret de la « stratégie sudiste » du Parti républicain, fondée sur la conquête d’un bloc d’électeurs blancs, sudistes, « évangéliques » et ultra-conservateurs. En France, ni le « caractère » des hommes politiques, ni la religion des électeurs ne sont au coeur du débat politique. La vie privée d’une personnalité politique reste un sujet tabou. Et pourtant certains débats médiatiques récents, centrés sur la « morale privée » des élites politiques, laissent poindre à l’horizon le spectre d’une américanisation de nos moeurs politiques.