Philippe ARDANT, Hugues PORTELLI, Claude ROTSCHILD
Introduction
Pouvoirs n°22 - La RFA - septembre 1982 - p.3
Depuis les textes américain et français de la fin du dix-huitième siècle il n’est peut-être pas de constitution chargée d’une valeur symbolique aussi lourde que la Loi fondamentale de Bonn en 1949. Les refus pèsent sur le texte et fondent un espoir. Double refus du passé tout d’abord. De celui encore à vif du national-socialisme, de l’Etat autoritaire, de l’avilissement et la négation de la personne humaine. Jamais plus. Mais abandon aussi d’une certaine conception de la démocratie en laquelle on croyait à Weimar et qui loin de résister à la dictature avait en définitive favorisé son ascension. Inventer autre chose. Refus enfin
de céder à l’environnement, à la grande force totalitaire qui de l’Est avait
imposé une ligne de partage au coeur de la nation. Non au communisme.
L’espoir qui portait les auteurs de la Loi fondamentale était d’aider le peuple allemand à renoncer à ses démons et à prendre sa place naturelle au sein des démocraties occidentales en choisissant le libéralisme économique, politique et social.
Trente ans ont passé. Comment l’Allemagne tente-t-elle de remplir son contrat ? L’Etat de droit assure-t-il un respect scrupuleux de la légalité ? Le fédéralisme est-il parvenu à un équilibre efficace entre le Bund et les Länder ? Comment le juge constitutionnel a-t-il respecté la volonté du constituant ? Une personnalisation du pouvoir n’est-elle pas réapparue au profit du chancelier ? Les partis concourent-ils au jeu démocratique ? Comment se répartissent les forces politiques ? Quels sont la place et le rôle des Eglises dans la société allemande contemporaine ? A ces questions parmi d’autres, Pouvoirs essaie d’apporter ici des éléments de réponse.