Pouvoirs, revue française d'études constitutionnelle et politiques

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Le régime représentatif en question

« Le peuple anglais pense être libre, il se trompe fort, il ne l’est que durant l’élection des membres du Parlement ; sitôt qu’ils sont élus, il est esclave, il n’est rien. » La condamnation de Jean-Jacques Rousseau résonne encore à la manière d’une incantation. Cependant, force est de constater la mondialisation de la représentation, à l’époque contemporaine, au point d’apparaître le dénominateur commun des systèmes politiques. Une réussite si ample mérite le détour d’une explication.

En dehors de ses commodités pratiques, et au bénéfice d’une mystification, le régime représentatif a été assimilé à la démocratie, afin de la capter et de la détourner de sa finalité. La souveraineté populaire n’est plus alors que l’alibi d’une démarche qui consiste à la transférer, en un mot, à l’aliéner, au bénéfice d’une minorité. Qu’est-ce qu’une souveraineté enchaînée, sinon un mot vide de sens démocratique ? Bref, la bourgeoisie, fille du libéralisme, entendait, dans un même mouvement, proclamer la démocratie pour mieux s’en réserver l’exercice.

Toutefois, il faut bien reconnaître que le régime dans lequel nous vivons n’est plus celui du XVIIIe siècle, mais le fruit d’un compromis historique : compromis entre bourgeoisie et classes populaires, entre institutions représentatives et théorie démocratique. En définitive, le système représentatif n’a pu se perpétuer qu’en se démocratisant et en s’étendant aux organisations populaires. De son côté, la théorie démocratique a abouti, au contraire, à l’apparition d’un système représentatif fondé sur l’idéologie bien plus dangereux et tendant irrésistiblement au totalitarisme, pour une part.

Au total, si la démocratie a pu s’accommoder de l’imposture, sa logique n’a pas été entamée. Par fidélité à celle-ci, la rupture s’exprime à travers diverses expériences et prises de conscience dont ce numéro de Pouvoirs s’efforce de dresser un bilan... représentatif. En cette année du bicentenaire, Jean-Jacques Rousseau ne pouvait recevoir hommage plus mérité.

Référence électonique : Jean GICQUEL, Hugues PORTELLI, "Le régime représentatif en question", Pouvoirs, revue française d’études constitutionnelles et politiques, n°07, 07 - Le régime représentatif est-il démocratique ?, p. . Consulté le 2023-06-10 03:13:24 . URL : https://revue-pouvoirs.fr/Le-regime-representatif-en.html