Philippe ARDANT, Hugues PORTELLI

La démocratie municipale – Introduction

Pouvoirs n°73 - La démocratie municipale - avril 1995 - p.5

Esquissée il y a des siècles dans des Cités-États, l’histoire de la démocratie
s’est épanouie plus près de nous dans les communes. C’est là que les
hommes ont compris ses exigences, expérimenté ses procédures, découvert
ses difficultés ; les communes ont été le premier laboratoire de la démocratie.
La grande affaire fut alors de l’inscrire dans des sociétés plus vastes et cet
effort a fait quelque peu négliger l’étude des réalisations démocratiques à
l’échelon municipal, pourtant beaucoup plus proche des préoccupations du
citoyen ordinaire. La décentralisation, renvoyant depuis une vingtaine
d’années en France aux communautés de base des attributions jusqu’alors
confiées à l’État, rend nécessaire et urgente la reprise de la réflexion sur la
façon dont la démocratie est mise en oeuvre et vécue aujourd’hui dans les
communes. C’est l’ambition de ce numéro à travers les études qui suivent.
Comment la démocratie s’inscrit-elle dans le gouvernement de la
commune ? La question est dérangeante car elle conduit à se demander si
parfois ce gouvernement ne prend pas une forme monarchique. Mais
les témoignages de deux maires, l’un d’un village, l’autre d’une ville
moyenne, ramènent le phénomène à ses justes proportions et il faut bien
reconnaître d’autre part que le système actuel d’élection du conseil municipal
et la volonté du législateur, dans des textes récents, donnent à l’opposition
les moyens de jouer son rôle de contre-pouvoir.
La démocratie, c’est aussi l’information ; les municipalités l’ont compris
qui recourent largement aux nouvelles techniques de communication,
facilitant ainsi le contrôle politique de l’action des autorités municipales en
complément des procédures administratives, juridiques et financières traditionnelles,
sur l’efficacité desquelles il faut peut-être s’interroger. La
spectaculaire multiplication des « affaires » révèle en effet des dysfonctionnements
qui échappent à l’attention des autorités de contrôle.
Mais il ne s’agit pas seulement de contrôler ; il faut aussi décider. A travers
des exemples de politiques publiques dans le domaine culturel, c’est le
fonctionnement concret de la démocratie municipale qui est démontré.
Le panorama serait très incomplet si un regard n’était jeté sur la façon
dont, hors de nos frontières, nos voisins ont trouvé leurs propres réponses
aux questions que nous nous posons.
La démocratie municipale est bien vivante, elle se transforme, elle
s’adapte, c’est là, semble-t-il, l’une des leçons de ce numéro.
PHILIPPE ARDANT, HUGUES PORTELLI

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