Philippe ARDANT, Olivier DUHAMEL

Introduction

Pouvoirs n°41 - Le président - mai 1987 - p.3

Pourquoi le Président ? Parce que Pouvoirs entend ainsi poursuivre son exploration des institutions politiques françaises, une à une. Après le Conseil constitutionnel (n° 13), l’Assemblée (n° 34), le ministre (n° 36), et dix ans après la parution de son premier numéro consacré à l’alternance, Pouvoirs étudie donc le Président de la Ve République. Précisément parce qu’entre-temps l’alternance est intervenue, dans sa version intégrale, de l’alternance totale par la voie présidentielle en 1981 à l’alternance partielle par la voie parlementaire en 1986. La première a attesté l’exceptionnelle permanence de l’exercice du pouvoir présidentiel, par-delà la distinction droite/gauche ou les différences de personnalité entre les titulaires de la fonction. La seconde a mis en valeur l’extrême fluctuation du pouvoir présidentiel en fonction de la composition politique de l’Assemblée nationale. C’est dire combien les années quatre-vingt imposent une réévaluation de la fonction présidentielle.

Mais comment appréhender le Président ? Beaucoup a été écrit à son propos. Les manuels de droit constitutionnel y consacrent une large place, thèses et monographies de qualité ne manquent pas, les articles se succèdent depuis quelques mois. Nous avons donc délibérément choisi de renoncer à toute recherche d’exhaustivitê, mais de concentrer au contraire l’attention sur quelques aspects moins connus du sujet.

Ainsi ce numéro ne s’ouvre-t-il pas sur une analyse du couple Président/Premier ministre, mais sur une étude comparative entre le Président français, le Président américain et le Premier ministre britannique (Richard Rose). Ainsi le retour vers l’histoire enjambe-t-il la République parlementaire pour s’attarder sur la figure du Prince-Président au XIXe siècle (Jacques Julliard). Ainsi ne reprend-on pas le débat sur le droit du Président de refuser sa signature aux ordonnances, préférant élucider les présupposés dudit débat (Michel Troper). Ainsi s’interroge-t-on sur les stratégies de communication des Présidents (Jean-Marie Cotteret). Ainsi évoque-t-on la pratique peu connue du droit de grâce (Joëlle Jeanjean).

Quant aux questions plus classiques de l’arbitrage (Philippe Ardant), des moyens d’action sur la politique gouvernementale (Jacques Fournier), des relations avec le système de partis (Jean-Louis Quermonne) ou de la responsabilité présidentielle (Claude Emeri), c’est à la lumière de vingt-sept années de prééminence présidentielle corrigée par la rupture de mars 1986 que des réflexions nouvelles sont proposées. En espérant contribuer à mieux comprendre la Ve République de l’après-cohabitation.

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