Yves MÉNY
Primaires : vertus (apparentes) et vices (cachés) d’une greffe américaine
Pouvoirs n°154 - Les primaires - septembre 2015 - p.27-40
Les primaires sont nées aux États-Unis à la fin du XIXe siècle lorsque le parti populiste (People’s Party) était au faîte de son influence. Pendant longtemps, elles furent considérées comme une dimension spécifique et «exotique» de la politique américaine et comme un instrument anti-parti puisque les deux partis dominants perdaient de leur mainmise sur le processus électoral. Étrangement – et sans procéder à une analyse approfondie –, les partis de gauche en Europe et singulièrement le Parti socialiste en France et le Parti démocrate en Italie ont sauté sur l’occasion. On peut expliquer ce comportement comme une tentative désespérée d’affronter le double problème du leadership et de la représentation que les appareils traditionnels des deux partis étaient incapables de résoudre. Cette greffe peut offrir des solutions à court terme mais le risque est d’accentuer la transformation – en les évidant – des partis parlementaires classiques en Europe.