Mendès France, le(s) mendésisme(s) et la tradition républicaine

Mendès France a pu apparaître, du début à la fin de sa carrière comme un homme hors des chemins battus, bousculant et cherchant à transgresser les frontières des partis traditionnels, plus porté à l’action prospective, originale, qu’à l’illustration d’une tradition. D’où, pour certains, le paradoxe et l’erreur tactique constitués par la « prise de pouvoir » au sein du Parti radical en mai 1955, indigne des espoirs suscités par Mendès, et d’ailleurs vouée à l’échec. Le présent article tend à montrer, au contraire, que la carrière et l’itinéraire de PMF s’inscrivent normalement dans une tradition radicale et républicaine, dans une tentative de rénovation consciemment voulue et pensée, surtout depuis 1956, dans l’axe de la constitution d’un vaste regroupement réformiste du centre gauche, socialisant mais à la tonalité à la fois scientifique et idéaliste. Une telle attitude apparaît à trois quarts de siècle de distance, très semblable à celle des « Pères Fondateurs » des années 1880-1890, des « Républicains de gouvernement » qui ont installé la
République en France.