Yves SUREL

Le chef de l’opposition

Pouvoirs n°106 - L'opposition - janvier 2004 - p.63-80

La notion de chef de l’opposition reste peu étudiée par les travaux de science
politique, alors même que la personnalisation et la médiatisation de la vie
politique ont incontestablement conduit à une valorisation de ce rôle. Ce
paradoxe s’explique sans doute par la prudence des sciences sociales dans le
traitement des acteurs individuels, mais également par la difficulté à définir
précisément les contours de ce rôle politique (peu reconnu par les mécanismes
institutionnels classiques) et à identifier les dépositaires de cette fonction.
Cet article se propose dès lors de mobiliser trois séries de variables
d’analyse pour étudier le chef de l’opposition : les déterminants institutionnels
classiques, notamment la forme du régime ; les logiques de fonctionnement
des systèmes de partis, déterminées pour partie par les modes de scrutin
; les éléments « personnels » associés au charisme supposé des chefs de
l’opposition et à leur maîtrise des médias. En appliquant ces variables aux
systèmes politiques allemand, américain, britannique, français et italien, on
constate que cette fonction de chef de l’opposition est peu codifiée, rarement
monopolisée et de plus en plus dépendante des « caractéristiques » personnelles
associées aux acteurs politiques concernés.

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