Introduction

Cela fait longtemps que les Jeux olympiques ne sont plus, avant tout, un événement sportif. Ils le demeurent, assurément, et toujours au sommet de l’ambition d’une carrière individuelle et des espoirs nationaux. Mais quand un événement, quel qu’il soit, est susceptible de rassembler le jour de son ouverture plus de trois milliards de téléspectateurs, comme ceux de Tokyo, il transcende fatalement les frontières des objectifs initialement fixés. À la quête des médailles et des performances s’ajoutent des données politiques, économiques, qui dépassent le monde ludique dont les Jeux naquirent sous l’Antiquité. De par leur envergure hors norme, ils embrassent thématiques, problématiques et disciplines dont la diversité fait la spécificité de la revue Pouvoirs. Le fait que les prochains se déroulent à Paris en 2024 ne pouvait que conforter le choix scientifique de leur consacrer un numéro.

Parler des Jeux olympiques, c’est avant tout parler de sport, à travers le témoignage d’une ancienne grande championne ; c’est se poser des questions sur le prétendu bénéfice économique qui est souvent brandi face aux critiques des détracteurs sceptiques. C’est aussi rappeler leur encadrement normatif, tant national qu’international, l’ampleur des difficultés organisationnelles, l’impact géopolitique. C’est enfin se questionner sur les limites acceptables du mythe de la performance, dont l’image du surhomme (plus que de la surfemme) conduit à des conséquences éthiques mais aussi physiques inacceptables. Tous les contributeurs ici réunis ont accepté de croiser leurs regards, parfois radicalement différents, sur les Jeux de manière générale, et sur ceux de Paris 2024 en particulier.

Dès l’annonce de la prochaine ville hôte, et à partir plus précisément d’une cérémonie d’ouverture espérée ou guettée, les Jeux cessent de s’appartenir. En espérant que l’essentiel demeure, tant au niveau des participants que des spectateurs : le plaisir…