Thomas Hochmann
Introduction
Pouvoirs n°187 - novembre 2023 - La constitution - p.3
La constitution, toute la constitution… et même un peu plus. Alors que la Ve République bat le record national de longévité, Pouvoirs s’intéresse aux débats menés sur la constitution ou autour d’elle, à ceux qui l’utilisent, l’invoquent ou la triturent. Certains auteurs de ce numéro se concentrent sur le cas français, d’autres nous emmènent en Allemagne ou au Bangladesh, mais tous s’efforcent de faire œuvre originale sur un sujet qui semblait usé jusqu’à la moelle. Plusieurs contributions empruntent ainsi des chemins récemment découverts ou bien plus anciens mais peu débroussaillés: qui écrit la constitution, et selon quel style? D’où vient cette impression qu’une revendication n’a abouti qu’une fois inscrite dans la constitution ? Il apparaît aussi que, si certains lui vouent une sorte de culte, d’autres la contestent, ou vont même jusqu’à nier son existence. Par ailleurs, prouvant qu’on peut faire du neuf avec de l’ancien, ce numéro jette une lumière inédite sur des questions que l’on croyait rebattues, qu’il s’agisse de la révision, de la protection ou de l’interprétation de la constitution. La manière dont on perçoit la loi fondamentale d’un pays au sein des juridictions internationales, des gouvernements ou des parlements est également abordée. Mais encore faut-il, pour commencer, savoir où la trouver, ce qui n’est parfois pas si simple qu’on aurait pu le croire…
La lecture achevée, on s’interrogera peut-être sur le rôle réduit tenu par les cours constitutionnelles, et singulièrement par le Conseil consti- tutionnel, dans ces pages. S’il est loin d’être ignoré, il perd ici la position centrale qu’il occupe souvent dans les discussions en France. Ce que montre en effet l’ensemble des contributions, c’est que la constitution n’appartient pas au juge, ou pas qu’à lui.