Myriam CATUSSE
Au-delà de « l’opposition à sa majesté » : mobilisations, contestations et conflits politiques au Maroc
Pouvoirs n°145 - Le Maroc - avril 2013 - p.31-46
Le Mouvement du 20 février questionne les dynamiques qui traversent les
oppositions marocaines et plus généralement l’état des forces politiques. Au
sein d’un régime de pluralisme limité, dominé par l’institution monarchique
où le « dissensus » politique fut souvent neutralisé par la force autant que
par la persuasion (ou la cooptation), d’aucuns seraient tentés de réactualiser
un schéma maintes fois convoqué pour rendre compte des relations entre le
souverain et les élites politiques : celui d’un désamorçage savant mais imparable de toute forme de dissidence. Pourtant, l’histoire sociale et politique des oppositions marocaines peut se lire bien différemment. En considérant des formes plurielles de contestations, de mobilisations et de conflits politiques, cet article montre au contraire que les arènes de l’opposition sont à géométrie variable, qu’elles sont négociées et non d’avance fixées par en haut ; qu’elles sont le lieu de pratiques, d’engagements qui se réinventent et s’adaptent selon les enjeux, la conjoncture et la répression.