Georges VEDEL

Variations et cohabitations

Pouvoirs n°83 - Le Premier ministre - novembre 1997 - p.101-129

Selon la version 1958 de notre Constitution, la cohabitation n’est pas un problème.
Pour des raisons non concordantes, elle a été à l’origine identifiée au
nouveau régime. Elle n’est devenue un problème qu’avec la construction par
le général de Gaulle du présidentialisme majoritaire consolidé par ses successeurs.
Ce problème a pourtant été esquivé par deux fois grâce à la brièveté
de deux cohabitations qui ont été surtout attente et préparation de la
prochaine élection présidentielle. Il prend maintenant sa pleine dimension.
Les enseignements des pseudo-cohabitations ne sont guère utilisables. Il est
peu croyable que, tout au long des cinq ans à venir, une crise décisive n’éclate
pas et, selon son dénouement, n’aboutisse pas soit à la restauration du présidentialisme
majoritaire soit à celle du pur régime parlementaire. Si, comme
l’auteur, on craint que le prétendu régime parlementaire ne retourne à la
IVe République, il faut souhaiter que la restauration – au profit de la droite
ou de la gauche, peu importe – du présidentialisme majoritaire s’accompagne
de la correction de ses défauts. Au premier rang de ceux-ci : les risques de
cohabitation. Au premier rang des remèdes : le quinquennat qui les réduirait
ou même les supprimerait.

Auteur(s)

To top