Michel GIRAUD

Revendication identitaire et « cadre national »

Pouvoirs n°113 - L'outre-mer - avril 2005 - p.95-108

Les peuples des « vieilles » colonies de la France n’ont, jusqu’à la départementalisation
de ces colonies, fait d’autre choix politique que le pari de
l’égalité citoyenne au sein de l’ensemble français. Un choix qui a toujours
été davantage inspiré par l’idéal de la République plutôt que par le désir de
la nation, quelle que puisse être celle-ci. Ce pari n’ayant pas été gagné, à
l’espoir de la citoyenneté a succédé un profond désenchantement. Si le
mouvement de la négritude a été le substrat culturel du projet d’une assimilation
politique à la République française voulue comme éradication de
l’inégalité coloniale, les affirmations et revendications identitaires qui l’ont
suivi aux Antilles sont, quant à elles, filles de ce désenchantement vis-à-vis
de la départementalisation, auquel elles proposent d’apporter comme seul
remède la célébration de l’identité propre. D’où le peu de relief de la pensée
politique qui leur est associée. Une vacuité qui pourrait bien renvoyer au
choix stratégique, guidé par les intérêts d’une certaine élite, d’une souveraineté
qui ne serait qu’identitaire.

Auteur(s)

To top