Piero IGNAZI

La recomposition de l’extrême droite en Italie

Pouvoirs n°87 - L'extrême droite en Europe - novembre 1998 - p.83-93

L’Alleanza Nazionale, tout comme son prédécesseur, le MSI, se différencie
des autres partis d’extrême droite européens. Dans le passé, du fait de son
enracinement historique dans le système politique italien, puis par l’attachement
à l’idéologie fasciste ; aujourd’hui, du fait de son rapide redressement
vers une ligne libérale-conservatrice. Cette mutation, opérée lors de la
transformation du MSI en Alleanza Nazionale, n’est pas encore achevée. A
côté d’éléments favorables (ouverture de structures de direction intermédiaires,
renouvellement de la direction nationale, succès électoraux), des obstacles
demeurent, comme l’idéalisation du passé fasciste, la difficulté de
recruter hors du réservoir du MSI, l’insuffisance du débat critique interne.
Mais le problème principal est celui de la place de l’Alleanza sur l’échiquier
politique. Bien qu’elle ait souvent adopté des positions plus modérées et
« raisonnables » que Forza Italia, elle est toujours perçue comme un parti
« extrême ». C’est là un handicap encore aggravé par l’échec des réformes
constitutionnelles sur lesquelles Gianfranco Fini comptait beaucoup pour
établir la légitimité de son parti.

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