Introduction à la première édition (1977)

Pouvoirs n°01 - L'alternance - avril 1977 (juin 1984) - p.7

Le mot, le problème et ses effets sont nouveaux et controversés. L’alternance domine le débat constitutionnel de la France d’aujourd’hui mais aucun livre ne lui a été consacré.

On a commencé à s’en inquiéter voici dix ans à peine. Ses deux conditions se sont trouvées réunies : une bipolarisation offrant un choix tranché, une stabilité qui faisait du pouvoir un enjeu. La restauration de l’Exécutif fut le leitmotiv de la première moitié du XXe siècle. La réalisation de l’alternance pourrait être celui des années à venir. Mais comment définir l’alternance ? La controverse surgit tant sur son ampleur que sur les conditions de son succès. Les uns soulignent qu’elle ne doit concerner que les hommes, qu’elle exige un accord sur le système social. Pas d’alternance pour les ennemis de l’alternance. Les autres objectent qu’elle ne saurait se limiter à la succession régulière de deux coalitions qui conduiraient à peu près la même politique. Pas d’alternance sans transformation sociale profonde.

Ces désaccords s’expriment dans POUVOIRS.

Pour Edgar Fauke, l’alternance est à la fois inutile et impossible. Elle affecterait le régime. Pour Léo Hamon, l’alternance est devenue possible et nécessaire. Elle enracinerait le régime. Jean Elleinstein réconcilierait presque les intéressés en dépassant le strict problème de la succession au pouvoir des coalitions rivales. Seul le socialisme pourrait réaliser la démocratie.

Les choix se doublent de questions très concrètes : que se passerait-il en cas de conflit entre le Président et l’Assemblée ? L’inventaire des possibles doit être dressé. Un débat ouvre la réflexion sur les moyens d’éviter un blocage.

Au reste, la question est méconnue. Elle concerne également l’étranger : la Grande-Bretagne, les Etats-Unis, bien sûr mais aussi, à leur manière, l’URSS, la Chine, comme les dictatures militaires…

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