Olivier ROZENBERG

Introduction

Pouvoirs n°184 - janvier 2023 - Les régimes semi-présidentiels - p.3

L’influence du président de la République française poussa Maurice Duverger à forger en 1970 le terme « semi-présidentialisme » pour qualifier un régime qui semblait fortement s’éloigner des canons du parlementarisme. Depuis, la notion a évolué et renvoie à un régime où coexistent un gouvernement responsable devant le Parlement et un président élu au suffrage direct. Si cette acception s’est imposée progressivement, le concept est loin de faire l’unanimité.

Nombre de publicistes estiment qu’il n’y a pas lieu d’amalgamer des procédures renvoyant pour certaines aux relations interinstitutionnelles et pour d’autres à la sélection des pouvoirs. De son côté, la science politique internationale utilise couramment le concept, considérant que la légitimité offerte par l’élection par le peuple donne potentiellement un rôle particulier au président.

La querelle académique a trouvé à s’alimenter avec les mutations des systèmes politiques dans le monde. On peut, d’une part, faire le constat que, de l’Islande à Taïwan, les États répondant au double critère de la responsabilité gouvernementale et de l’élection directe du président renvoient à des réalités fort différentes. D’autre part, il apparaît non seulement que, de l’Europe orientale à l’Afrique, les régimes semi-présidentiels se sont multipliés depuis 1990, mais également que leur adoption vise à offrir un rôle politique particulier au chef de l’État sans renoncer à la matrice parlementaire. En somme, le modèle français plutôt qu’autrichien.

Le succès international de la Ve République au moment où celle-ci connaît des dysfonctionnements patents interroge. Il mérite que Pouvoirs consacre, au-delà du cas français, un numéro au semi-présidentialisme, aux désaccords disciplinaires comme au devenir des régimes répondant à sa définition. Si la revue n’entend pas prendre position dans la controverse, différentes contributions font valoir le caractère périlleux d’un exécutif dual reposant sur une double légitimité, celle du peuple et celle du Parlement.

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