François LUCHAIRE
Réformer la Constitution pour éviter la cohabitation? C’est inutile
Pouvoirs n°91 - La cohabitation - septembre 1999 - p.119-127
La cohabitation ne mérite pas les critiques qu’on lui adresse. Elle correspond
à une interprétation littérale de la Constitution ainsi qu’à la volonté du
peuple. Elle évite une concentration des pouvoirs du même côté politique,
elle donne plus de poids à la parole de la France exprimée d’un commun
accord par le chef de l’État et le chef du gouvernement. Les rapports entre
ceux-ci sont clairs et transparents. Au contraire ont été mauvais les rapports
entre Georges Pompidou et Jacques Chaban-Delmas, entre Valéry Giscard
d’Estaing et Jacques Chirac, entre François Mitterrand et Michel Rocard. Le
seul inconvénient est l’opposition possible entre le président de la République
et le Premier ministre s’ils sont tous deux candidats à une prochaine élection
présidentielle. Le remède n’est pas dans le quinquennat, mais dans le
non-renouvellement du mandat présidentiel. Ce non-renouvellement du
mandat de sept ans permet au président de la République d’exercer en toute
liberté la fonction d’arbitre que lui confère la Constitution.