Ahmad BEYDOUN
Chiisme et démocratie
Pouvoirs n°104 - Islam et démocratie - janvier 2003 - p.33-43
Le chiisme partage le malaise qu’éprouvent les doctrines religieuses du
Pouvoir face au principe démocratique de souveraineté populaire. Pouvoir
à la fois temporel et spirituel, l’imamat y est de droit divin. Comme par
contagion, les prérogatives de l’imam tendent à passer au faqîh, connaisseur
(et gardien ?) de la Loi divine. Aussi, la notion de wilayat al-faqîh a-t-elle
été érigée en fondement constitutionnel de l’actuel régime iranien. Cependant,
au lieu de servir de fondement à ce transfert de légitimité aux fuqahâ,
la ghayba (l’occultation du 12e imam) peut être conçue comme une rupture
spirituelle remettant à la communauté entière la responsabilité de ses propres
destinées… Enfin, le fait que les chiites ne se retrouvent jamais seuls dans le
monde moderne, devrait favoriser l’idée d’un compromis séculariste et
démocratique.