Éric THIERS

La désobéissance civile : entre Antigone et Narcisse, l’égodémocratie

Pouvoirs n°155 - Désobéir en démocratie - novembre 2015 - p.55-72

Refuser d’obéir aux lois serait l’une des voies les plus assurées pour établir la démocratie réelle, celle dans laquelle nous vivons n’en présentant que les apparences trompeuses. La désobéissance civile serait inévitable dans un monde en proie à la mondialisation libérale dont nos gouvernants seraient les complices. Elle serait légitime car, non violente, elle assurerait la défense de principes supérieurs. Elle serait souhaitable pour atteindre un nouvel horizon démocratique qui se fonderait sur l’épanouissement de chaque individu considéré comme digne de faire entendre sa voix et fort de la confiance qu’il porte en lui. Pourtant, une présentation sous un jour si favorable mérite d’être livrée à la critique car la désobéissance civile est grosse d’ambiguïtés. À travers ce qui serait un mode d’action démocratique normal se dessine le portrait en creux d’un nouveau citoyen, l’egodémocrate, entre Antigone et Narcisse, refusant toute autorité, se pensant comme la mesure de toute chose, au risque de rendre impossible la vie en commun sous l’égide de la loi.

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