Fouad ABDELMOUMNI
Le Maroc et le printemps arabe
Pouvoirs n°145 - Le Maroc - avril 2013 - p.123-140
Le Maroc sort de son moyen âge, mais il le fait dans la lenteur et la confusion. L’ancien modèle de société, fait de conservatisme féodal, d’autoritarisme patriarcal, de prédation et de rente, de répression et de corruption, est condamné par les mutations sociologiques, économiques, politiques et technologiques. Mais il cède difficilement devant les inerties politiques et sociales dues, notamment, à l’éviction, la répression, la corruption et la décrédibilisation des élites menées par le palais depuis l’indépendance, ainsi qu’à la crainte de déstabilisation (islamiste, militaire, sécessionniste…). Ainsi, les espaces de libéralisation récemment concédés permettent un jeu politique plus fluide, plus transparent et mieux sanctionné par la volonté populaire. Mais les élites au pouvoir et celles capables de peser à moyen terme grâce au suffrage populaire sont très largement prisonnières de la logique autoritariste, paternaliste, clientéliste et rentière, ce qui empêchera probablement l’éclosion d’une véritable démocratie active pour une ou plusieurs décennies, le temps que la relève se cristallise et que les us démocratiques s’imposent.