Quelques réflexions d’un psychanalyste sur l’idéologie

Cette brève étude de l’idéologie, dans une perspective psychanalytique, est fondée sur une comparaison avec l’illusion telle qu’elle est définie par Freud. L’auteur a tenté de dégager le prototype de l’illusion, prototype auquel il serait possible de ramener, en fin de compte, toutes les illusions. Ce prototype constituerait le noyau des idéologies : il s’agirait de la réalisation imaginaire du désir humain fondamental de retrouver la complétude perdue au début de la vie. Toutes les idéologies contiendraient la promesse de cette retrouvaille (quelle qu’en soit l’orientation). Ceci explique qu’il soit plus facile de changer d’idéologie que de renoncer à toute idéologie. Le meneur (le chef) est celui qui fait miroiter la « promesse ». Il est le magicien. Lorsqu’une illusion de cette sorte est activée, les obstacles auxquels elle se heurte dans sa « réalisation » (jamais atteinte par définition) sont impitoyablement balayés. D’où le caractère nécessairement totalitaire de la pratique politique fondée sur les idéologies.