10 octobre 2008. Peine de mort. À l’occasion de la Journée mondiale contre la peine de mort, l’attention est portée sur l’application de la peine de mort au Japon. Depuis le début de l’année 13 personnes ont été exécutées. Suite à une mission de la Fédération internationale des droits de l’homme en juillet-août 2008, l’ong constate que la situation s’est dégradée. Depuis 1993, 76 détenus ont été pendus et aucune révision de procès n’a eu lieu depuis 1986 et aucun condamné n’a été gracié depuis 1975. Actuellement 102 condamnés sont dans les couloirs de la mort. Une réforme judiciaire en cours, prévoyant la participation d’un jury d’assises ainsi que la présence des familles des victimes auprès du procureur dans un pays où l’opinion est favorable à 81 % à la peine de mort, pourrait aggraver la situation.
Le 27 octobre, 2 meurtriers de 70 et 55 ans sont pendus, portant à 15 le nombre d’exécutions depuis le début de l’année, un record depuis plus de 30 ans.
24 septembre 2008. Premier ministre. Ayant déjà une très faible popularité, le Premier ministre Yasuo Fukuda affronte de nouvelles difficultés. Le 1er août, il annonce un remaniement de son gouvernement alors que celui-ci est touché par un scandale relatif au ministère de la Défense. Naoki Akiyama, au cœur des réseaux entre monde politique et industries de la défense, est arrêté. L’affaire met en cause Yamada Corp., société jouant le rôle d’intermédiaire entre les entreprises de défense et le ministère. Déjà en novembre 2007 le vice-ministre de la défense Takemasa Moriya avait été arrêté pour avoir touché des pots-de-vin d’un ancien haut responsable de Tamada. Les noms de l’ancien ministre de la Défense, Fumio Kyuma, et du ministre des Finances, Fukushiro Nukaga, sont cités.
Pour s’assurer du soutien de toutes les factions de son parti, il nomme son rival Taro Aso au poste de numéro deux du Parti libéral démocrate (Pld). C’est un bouleversement. Quatre ministres seulement conservent leur poste dont le ministre des Affaires étrangères Masahiko Koumura. Diverses personnalités reviennent dont l’ancien ministre de la Politique économique et fiscale, Kaoru Yosano, qui retrouve ce portefeuille. L’ex-secrétaire général du Pld, Bunmei Ibuki, devient ministre des Finances. Deux femmes très populaires sont nommées. Seiko Soda prend la tête de l’Agence de protection des consommateurs et Kyoko Nakayama sera en charge du dossier des enlèvements de Japonais par des agents nord-coréens. Enfin, le ministère de la Défense, par lequel le scandale est arrivé, échoit à Yoshimasa Hayashi, 47 ans, ce qui est jeune au Japon. L’objectif est à la fois de mener à bien les réformes et de préparer les élections de 2009.
Le 1er septembre, Yasuo Fukuda démissionne, estimant ne pas pouvoir mener les réformes promises en raison de l’effondrement de sa popularité. Le secrétaire général du Parti libéral démocrate, Taro Aso, 68 ans, petit-fils du Premier ministre au lendemain de la reddition du Japon, intransigeant à l’égard de Pékin et Séoul, appartenant à une famille catholique, se dit prêt, mais on évoque aussi la candidature d’une ancienne ministre de la Défense, Yuriko Koike, 56 ans, proche de l’ancien Premier ministre Koizumi et de ses positions néolibérales. Elle serait la première femme Premier ministre au Japon. Il y a trois autres candidats, ce qui est un record. Parmi ceux-ci, Kaoru Yosano, 60 ans, chrétien, favorable au déplacement des restes des criminels de guerre du sanctuaire Yasukuni, objet de tension avec la Chine et la Corée du Sud.
Le 22 septembre, Taro Francisco Aso, ancien ministre des Affaires étrangères, est désigné à une large majorité par le Pld par 351 voix sur 527. L’élection est faite par les parlementaires et les représentants des instances régionales. Le 24 septembre, Yasuo Fukuda formalise sa démission. La Chambre des représentants élit Taro Aso par 337 voix contre 117 à Ichiro Ozawa (Parti démocratique du Japon). La Chambre des conseillers accorde 125 voix à Ichiro Ozawa contre 108 à Taro Aso, mais c’est le vote des représentants qui s’impose.
Le cabinet comporte 17 membres parmi lesquels deux femmes dont Yuko Obuchi, 34 ans, ministre des Affaires sociales, fille d’un ancien Premier ministre.
La vie politique connaît un tournant. Junichiro Koizumi, 66 ans, ancien Premier ministre de 2001 à 2006, populiste, qui a engagé le Japon en Afghanistan et qui fréquentait régulièrement le sanctuaire Yasukuni, quitte la scène politique. La politique qu’il a menée est critiquée par Taro Aso.
29 juillet 2007. Élections sénatoriales.
Le Premier ministre Shinzo Abe, qui
affrontait pour la première fois des élections,
subit une cuisante défaite dix mois
après son arrivée au pouvoir puisque le
nombre de sénateurs du Parti libéral-démocrate
(PLD) baisse de moitié et celui
de son allié Komeito s’effondre. Ce très
mauvais résultat, le plus mauvais jamais
enregistré dans ce type d’élection, est dû
à une série de scandales de corruption
et surtout à l’effondrement de la gestion
du système de sécurité sociale. 50 millions
de dossiers ont été « égarés ».
La Chambre des conseillers est renouvelée
par moitié tous les trois ans.
Le PLD et son allié bouddhiste Nouveau
Komeito obtiennent 46 sièges
sur les 121 à pourvoir. Le PLD perd la
majorité au Sénat. Avec ses alliés il ne
possède plus que 103 sièges contre 132.
Le Minshuto (Parti démocrate) passe de
81 à 109 sièges. C’est la première fois, à
l’exception de onze mois en 1993, que
le PLD ne contrôle plus une des deux
chambres.
Symbole des négligences du ministère
de la Santé, Ryuhei Kawada, 31 ans,
séropositif depuis douze ans, est élu
comme indépendant à Tokyo.
Dans le même temps, le grand vainqueur
est Ichiro Ozawa, 65 ans, économiste
transfuge du PLD et leader du Parti
démocrate du Japon formé d’anciens
socialistes et de dissidents du PLD.
Le Parti démocrate voit sa représentation
augmenter significativement et
devient le premier parti de la Chambre
haute avec 109 sièges.
Sur les 121 sièges en lice pour le
renouvellement de la moitié du Sénat,
le PLD n’en obtient que 37 (-37) et le
Komeito 9 (-3). le Parti démocrate en
remporte 60.
Dominé désormais par l’opposition,
le Sénat peut bloquer ou faire traîner
l’adoption des lois. Depuis 1989, le PLD
n’avait plus, à lui seul, la majorité mais
il en conservait le contrôle avec les petits
partis centristes. Cependant il dispose
encore d’une forte majorité à la Chambre
basse.
Le Premier ministre n’entend pas
démissionner.
Suite à cette défaite, le Premier
ministre limoge le ministre de l’Agriculture
Norihiko Akagi impliqué dans
des scandales d’abus de biens sociaux.
25 septembre 2007. Premier ministre.
Afi n de tenter de faire face à une situation
politique devenue désastreuse, suite
à la défaite aux élections sénatoriales, le
Premier ministre Shinzo Abe remanie
son gouvernement le 27 août, confiant
notamment les Affaires étrangères à
Nobutaka Machimura et la Défense
à Masahiko Komura. Le plus jeune
Premier ministre de l’après-guerre fait
appel aux caciques de la politique nippone.
La situation s’aggrave pourtant
encore avec la démission de Takehido
Endo, 68 ans, ministre de l’Agriculture,
mêlé à un scandale financier.
Le 10 septembre, le Premier ministre
prononce son discours de politique
générale devant la Diète, mais le 11 septembre,
il annonce sa démission et quitte
également la présidence du parti libéral-démocrate.
Shinzo Abe ne sera resté
qu’un an au pouvoir. Victime du stress,
le Premier ministre est hospitalisé le
lendemain.
Les noms de Taro Aso, numéro deux
du PLD, ancien ministre des Affaires
étrangères, Fukushiro Nukaga, ministre
des Finances, Yasuao Fukuda, 71 ans,
fils de l’ancien Premier ministre Takeo
Fukuda, ancien secrétaire général et
porte-parole du gouvernement, et de
Sadakazu Tanigaki, ancien ministre des
Finances, sont évoqués.
Finalement, c’est Yasuao Fukuda,
réputé pour son habileté dans la négociation,
que désigne le PLD avec 330
voix sur 527, éliminant Taro Aso qui
semblait pourtant le favori mais qui n’a
pas bénéficié du soutien des différentes
factions du PLD.
Dans le nouveau gouvernement, la
plupart des ministres restent. Cependant
le ministre de la Défense, Masahiko
Komura, devient ministre des
Affaires étrangères et est remplacé par
Shigeru Ishiba qui avait déjà exercé cette
fonction. C’est le chef du clan le plus
puissant, Nobutaka Machimura, qui
devient secrétaire du gouvernement et
porte-parole.