12 et 19 octobre 2008. Agriculture. La 3e session plénière du 17e comité central du pc chinois décide une « réforme majeure » qui pourrait permettre aux paysans de « transférer, sous-traiter et louer » les lopins de terre qu’ils cultivaient. Jusqu’à maintenant les paysans n’avaient pas le droit de céder les terres qu’ils exploitaient selon un droit d’usage et dont ils étaient propriétaires collectivement.
Les grandes lignes de la réforme sont publiées le 19 octobre.
1er janvier 2008. Code du travail.
Un code du travail modernisé entre
en vigueur. Les employeurs devront
fournir un contrat de travail écrit. Le
nouveau code prévoit un cdi pour les
salariés qui ont plus de dix ans d’ancienneté
et pour ceux qui ont cumulé plus
de deux CDD. Le code impose une compensation,
en cas de licenciement, d’un
mois par année de travail. La nouvelle
loi prévoit la possibilité de négociations
collectives, ce qui est très nouveau.
3 janvier 2008. Droits de l’homme. La
répression contre les dissidents chinois
s’intensifie à la veille des Jeux olympiques.
Les autorités veulent empêcher que
les opposants n’utilisent l’événement
pour faire connaître au monde entier
la situation désastreuse des droits de
l’homme dans le pays. Ceci est contraire
aux engagements pris par Beijing afin
d’obtenir l’organisation des Jeux.
La Chine défend sa décision d’arrêter
Hu Jia, 34 ans, une semaine plus tôt. Ce
dissident s’est fait connaître en prêtant
assistance aux paysans du centre de la
Chine infectés par le virus du sida. Les
pressions s’exercent sur son avocat.
La Chine annonce de nouvelles règles
pour la diffusion de vidéos sur les sites
Internet. Seules les sociétés d’État ont
le droit d’opérer sur des sites Internet
diffusant des vidéos. Un système de
censure est instauré comme pour le
cinéma et la télévision.
Le 4 décembre, la censure ordonne le
retrait du film de Li Yu, Lost in Beijing,
l’accusant de pornographie.
Le 7 janvier, à Tianmen, dans le centre
de la Chine, Wei Wenhua, directeur
d’une entreprise de bâtiment, s’est trouvé
témoin d’une bagarre entre villageois
et policiers, les villageois essayant de
s’opposer au déversement d’ordures
devant leur maison. Wei Wenhua a sorti
son portable pour filmer les villageois
violemment frappés. Les policiers lui ont
ordonné d’effacer les images. Il a refusé,
a été roué de coups et est décédé.
Le journaliste hongkongais Ching
Cheong, ancien correspondant à Hongkong
du quotidien singapourien The
Straits Times, condamné en 2005 à cinq
ans de prison pour espionnage et qui
avait toujours clamé son innocence, est
libéré le 4 février.
À 6 mois des Jeux olympiques,
Amnesty International publie un ouvrage
sur la situation soulignant « le fossé entre
des engagements sans cesse répétés et un
bilan bien sombre ».
Yang Chulin, militant qui avait fait
diffuser en juillet une lettre ouverte
« N ous voulons les droits de l’homme,
pas les Jeux olympiques » qui avait circulé
sur Internet avant d’être censurée et
après avoir été signée par plus de 10 000
paysans du Heilongjiang dont les terres
ont été confisquées par des fonctionnaires
locaux, est jugé le 19 février.
Le 6 mars, des policiers en civil
enlèvent
l’avocat Teng Biao, 34 ans,
qui avait publié une lettre ouverte en
septembre 2007, « L a réalité de la situation
dans la Chine préolympique ». En
décembre 2007, il avait reçu le « P rix
des droits de l’homme de la République
française ». Ces mesures d’intimidation
se multiplient.
Janvier-mars 2008. Tibet. Le 10 mars,
les autorités répriment une manifestation
de moines à Lhassa lors du 49e
anniversaire du départ du dalaï-lama.
Le lendemain, des moines qui manifestaient
pour demander la libération des
moines arrêtés sont dispersés à l’aide de
gaz lacrymogène.
Le 13 mars, l’Inde interrompt une
marche de Tibétains vers la Chine.
Le 14 mars des émeutes ont lieu à
Lhassa et font officiellement 10 morts.
Le lendemain, le Tibet est interdit aux
touristes et aux journalistes. Le dalaïlama
dénonce un « régime de la terreur »
et un « génocide culturel ». Il refuse
cependant d’appeler au boycott des Jeux
olympiques.
Les autorités chinoises, devant le
retentissement des événements, mettent
en garde les pays étrangers contre un
contact officiel avec le dalaï-lama.
Janvier 2008. Parti communiste. L’agence
de presse Chine nouvelle rapporte que
500 membres du PC ont été exclus, 395
renvoyés de leur poste et 7 parlementaires
déchus pour avoir contrevenu à la politique
de l’enfant unique. Dans le Hubei,
près de 1 700 responsables ont dérogé à
cette politique qui limite le nombre d’enfants
à un par famille (deux dans les zones
rurales si le premier est une fille).
5 mars 2008. Gouvernement. La session
de l’Assemblée nationale populaire
s’ouvre. Trois « travailleurs migrants »
siègent pour la première fois.
Le président Hu Jintao, secrétaire
général du Parti depuis le 15 novembre
2002, est réélu pour cinq ans à la tête de
l’État le 15 mars. Yi Jinping, 54 ans, est
désigné vice-président.
La formation du gouvernement, dirigé
par Wen Jiabao depuis le 16 mars 2003 et
renouvelé dans ces fonctions le 16 mars
2008, est marquée par un changement.
L’Agence de l’environnement sera élevée
au rang de ministère. La Chine qui est
en passe de devenir le premier pollueur
mondial devant les États-Unis selon
l’Agence internationale de l’énergie
serait-elle préoccupée par les questions
environnementales ?
11 février 2008. Jeux olympiques. Xi
Jinping, 54 ans, possible numéro un du
régime en 2012 est désigné pour s’occuper
des derniers préparatifs des Jeux
olympiques, notamment de la sécurité
et du contrôle de la pollution. Ancien
numéro un du Parti à Shanghai, il a
été promu en octobre 2007 au comité
permanent du bureau politique. Il a le
profil d’un dirigeant intègre.
Le Mail on Sunday révèle le 10 février
que les athlètes britanniques devront
signer un contrat où ils s’engageront à
ne pas s’exprimer sur des sujets politiquement
sensibles. En revanche les athlètes
norvégiens sont « encouragés » à
montrer leur engagement. Finalement le
Comité olympique britannique doit faire
machine arrière. Cependant, le prince
Charles a décliné l’invitation de Beijing
en raison de ses liens avec le dalaï-lama.
Du fait de l’attitude de la Chine au
Soudan, Steven Spielberg renonce à sa
participation aux cérémonies d’ouverture
et de clôture des JO.
Les autorités chinoises s’appuient sur
la règle 51 de la Charte olympique qui
pose que « aucune sorte de démonstration
ou de propagande politique, religieuse
ou raciale n’est autorisée dans un
lieu, site ou autre emplacement olympique
».
Un avion de la compagnie China
Southern ayant décollé du Xinjiang est
obligé d’atterrir d’urgence à Lanzhou.
Des séparatistes musulmans étaient en
train de préparer un attentat contre les
sites olympiques. Déjà 2 membres d’un
« gang terroriste » auraient été abattus
et 15 autres arrêtés au Xinjiang fin janvier.
La cérémonie de la flamme est perturbée
pendant le discours du représentant
chinois à Olympie par des membres
de Reporters sans frontières, même si
elle a pu avoir lieu.
Le président autrichien Klaus décide
le 26 mars de ne pas assister à la cérémonie
d’ouverture des Jeux. Il est suivi
le lendemain par le Premier ministre
polonais.
Mais lors d’une réunion des ministres
des Affaires étrangères en Slovénie
le 29 mars, le boycottage est exclu ;
les ministres souhaitent « un dialogue
constructif » entre les autorités chinoises
et le dalaï-lama, et la fin des violences.
Le 31 mars la Chine lance le relais de
la flamme olympique qui risque d’être
perturbé tout au long de son parcours.
15 octobre 2007. Parti communiste. Le
XVII e Congrès quinquennal du Parti
communiste se tient au Palais du peuple
sur la place Tian an men. La répression
s’est accrue contre les dissidents à l’approche
du Congrès.
Le pc compte 73 360 000 membres
(dont 31,9 % de femmes), soit 5 % de la
population. 2 217 délégués dont 31,9 %
de femmes et 71,8 % de plus de 35 ans
participent au congrès.
Le Congrès doit désigner le Comité
central (204 membres et 167 suppléants)
qui désignera le secrétaire général, les
22 membres du bureau politique et les
9 membres du comité permanent du
bureau politique (coeur du pouvoir) et
de la commission militaire centrale.
Le secrétaire général Hu Jintao dans
son discours d’ouverture veut « lever
bien haut l’étendard du socialisme à
la chinoise ». Il est reconduit dans ses
fonctions pour cinq ans le 22 octobre.
4 nouveaux dirigeants entrent au
comité permanent du BP : He Guoqiang,
64 ans, chargé de l’organisation du Parti ;
Zhou Yongkang, 64 ans, ministre de la
Sécurité publique ; Xi Jinping, 54 ans,
numéro un du PC de Shanghaï qui serait
soutenu par le clan de Jiang Zemin ; Li
Keqiang, 52 ans, patron du Liaoning.
Hu Jintao n’a pu réduire de 9 à 7 le
nombre des membres du comité permanent
et ne peut imposer qu’un seul de ses
proches qui pourrait être son successeur,
Li Keqiang. Ils rejoignent Hu Jintao, Wu
Bangguo, Wen Jiabao, Jia Qinglin, Li
Changchun.
Octobre 2007. Internet et dissidents.
Yahoo et les avocats de deux dissidents
chinois, emprisonnés suite à la collaboration
entre le groupe Internet et la
police chinoise, Shi Tao et Wang Xiaoning,
parviennent à un accord amiable.
Une plainte avait été déposée en Californie.
Le 3 décembre, Zhou Shuguang,
dit « Z ola », blogueur de 26 ans, est
interpellé près de Shenyang alors qu’il
enquêtait sur les éleveurs de fourmis
trompés par la société Yilishen. Il a été
raccompagné jusque dans le Hunan où
il réside et sommé de signaler ses prochains
déplacements. Plusieurs milliers
d’éleveurs ont manifesté les 19, 20 et
21 novembre.
6 et 10 juillet 2007. Peine de mort pour
corruption. Ancien responsable de
l’homologation des médicaments en
Chine de 2002 à 2006, Cao Wenzhuang,
45 ans, est condamné à la peine de mort
assortie d’un sursis de deux ans pour
corruption. Il est le troisième haut responsable
de cette administration à être
condamné pour corruption.
Zheng Xiaoyu, 62 ans, ancien directeur
de l’Agence des médicaments et des
produits alimentaires et qui avait rang
de ministre, condamné à mort en mai
pour « corruption et manquement à son
devoir », est exécuté le 10 juillet. Il s’agit
pour les autorités de réagir au déferlement
d’affaires de faux médicaments et
d’aliments empoisonnés qui ont causé la
mort de plusieurs personnes. Certains aliments
ont été exportés aux États-Unis.
Chen Liangyu, ancien numéro un
du PC à Shanghai, accusé de corruption
et limogé en septembre 2006, est exclu
du Parlement chinois le 25 juillet. Il est
soupçonné d’avoir détourné 3,2 milliards
de yuans (300 millions d’euros)
du fonds de pension de la ville pour les
investir dans des projets immobiliers.
Les liens entre scandales sexuels et
corruption sont aussi mis en évidence
par le Parti qui a lancé une campagne
contre les officiels « amoraux ». Ce qui
a conduit à la chute du maire de Baoji
(Shanxi) qui n’avait pas moins de onze
maîtresses !
Août 2007. Internet et dissidents.
L’ONG Dui Hua révèle que depuis 2002
Yahoo ! a livré des informations aux
autorités chinoises ayant permis de
faire condamner plusieurs « cyberdissidents
», dont Shi Tao, condamné en
2005 à dix ans de prison pour « divulgation
de secrets d’État », et Wang Xiaoning,
condamné à dix ans de prison
pour « incitation à la subversion du
pouvoir de l’État ». Les familles des
deux dissidents ont porté plainte contre
Yahoo ! en mai 2007. La Chambre des
représentants décide l’ouverture d’une
enquête.
Le 17 août, le tribunal de Zhejiang
condamne à quatre ans de prison Chen
Shuqing pour avoir publié des propos
subversifs sur Internet. Il a été jugé coupable
d’« incitation à la subversion ».