Juillet 2007. Gouvernement. La formation
d’un gouvernement en Belgique
obéit à une procédure complexe à
l’image de celle utilisée aux Pays-Bas.
Immédiatement après les élections
légis latives du 10 juin, le roi a nommé
Didier Reynders, ministre des Finances
du gouvernement Verhofstadt, leader
du Mouvement réformateur, chef des
libéraux francophones vainqueurs des
élections en Wallonie, en tant qu’« informateur
». Il remet ses conclusions le
4 juillet considérant que la constitution
d’une coalition dépend d’un accord sur
la question institutionnelle. Le 6 juillet,
le roi nomme l’ancien Premier ministre
chrétien-démocrate Jean-Luc Dehaene,
qui a dirigé la Belgique du 7 mars 1992
au 12 juillet 1999, pour conduire une
« mission de médiation et de négociation ». Les conclusions de l’informateur
et du médiateur sont semblables.
Le gouvernement doit être formé par les
chrétiens-démocrates et les libéraux.
Le 15 juillet, le roi Albert II nomme
Yves Leterme « formateur » du gouvernement,
permettant aux chrétiens-démocrates
de revenir au pouvoir après
huit ans d’absence qui ont succédé
à quarante ans de domination. Âgé de
47 ans, originaire d’Ypres (Ieper), de
père wallon et de mère fl amande, parfaitement
bilingue, ministre-président
de Flandre, il inquiète les Wallons. Ses
premiers pas sont des faux pas, le Premier
ministre ignorant l’hymne national
de son pays – il entonne La Marseillaise
au lieu de La Brabançonne… – et la
signification de la fête nationale belge,
le 21 juillet. Le programme d’Yves
Leterme prévoit une réforme de l’État
fédéral en faveur de la Flandre et la scission
de la région électorale Bruxelles-
Hal-Vilvorde.
Constatant, soixante-huit jours après
les élections, que les positions des
Flamands et des Francophones étaient
inconciliables, le roi Albert II « suspend
» le 17 août la formation du gouvernement
confi ée à Yves Leterme.
Les relations entre les quatre partis
amenés à former la coalition sont difficiles ;
Parti libéral flamand (VLD), Mouvement
réformateur (MR), chrétiens-démocrates
flamands (CDV) et wallons (CDH) s’opposent
sur l’avenir de la Belgique.
Le 19 août, le roi demande à Yves
Leterme de nouer de « nouveaux
contacts », mais le 23 août, Albert II
met fin à la mission du leader chrétien démocrate
flamand qui n’a pas réussi à
former une coalition de l’Orange bleue
réunissant libéraux, chrétiens-démocrates
flamands et wallons. La Belgique
semble proche de la crise de régime.
Le 30 août, le président de la Chambre
des députés, Herman Van Rompuy,
chrétien-démocrate flamand, est chargé
d’assumer une mission « d’exploration ».
Dénomination nouvelle : on connaissait
les informateurs et les formateurs, il y a
maintenant les explorateurs…
Le 10 septembre, l’extrême droite flamande
du Vlaams Belang essaie de faire
adopter le principe d’un référendum en
Flandre par le Parlement régional flamand.
Les partis démocrates s’y opposent.
Le 22 septembre, un millier de personnes
défi lent à Bruxelles pour marquer
leur attachement à la Belgique.
400 personnalités dont de nombreux
Flamands signent une pétition pour
« sauver la solidarité » entre les Belges.
Le 29 septembre, le roi charge à nouveau
Yves Leterme de former un gouvernement.
Le cap des cent jours a été franchi le
18 septembre. Certes, le record n’est pas
encore atteint. Il faudrait atteindre cent
quarante-huit jours, durée nécessaire
en 1988 pour former le gouvernement
Martens VIII.
La question du statut de Bruxelles
en cas de partition de la Belgique suscite
des débats. Le 19 septembre, Jean-
Luc Dehaene, ancien Premier ministre,
propose la création, avec Herman Van
Rom puy, d’un « comité d’experts ».
Référence électonique : "Pouvoirs n°124 - 1er juillet - 30 septembre 2007". Consulté le 23 mars 2023 sur le site de Pouvoirs, revue française d’études constitutionnelles et politiques. URL : https://revue-pouvoirs.fr/Pouvoirs-no124-1er-juillet-30,465.html