Pouvoirs, revue française d'études constitutionnelle et politiques

Index des auteurs

Tous les numéros de Pouvoirs
Cliquez dans la liste pour accéder à un numéro.
Archives intégralement gratuites au-delà de 3 ans

La newsletter

version_mobile_du_site
Version mobile
groupe_facebook
Groupe Facebook
flux_rss
Flux RSS
alter_éco
Numéros papiers
lienSeuil
lienCairn

Pologne

Pouvoirs n°125 - 1er octobre - 31 décembre 2007

21 octobre 2007. Élections législatives.
Les Polonais renouvelaient les
deux chambres avec 440 députés élus
à la représentation proportionnelle
avec un seuil de 5 % et 100 sénateurs
élus au scrutin uninominal majoritaire
à un tour.
Varsovie refuse la présence d’observateurs
de l’OSCE.
L’Église catholique appelle à une
participation massive aux élections, ne
manifestant aucune préférence pour un
parti précis mais demandant de soutenir
les candidats approuvant « les principes
moraux de l’Église », même si Radio
Marya fait campagne pour pis des frères
Kaczynski.
La Plate-forme civique (PO) de Donald
Tusk, 50 ans, centre droit libéral, qui
proposait de créer l’impôt unique dit
flat tax, kachoube (minorité slave),
arrive en tête avec 41,39 % (+17,25) et
209 (+76) élus, devançant Droit et Justice
des jumeaux Kaczynski, 45 ans,
grands perdants du scrutin, qui avec
32,16 % (+5,17) ont 166 (+14) députés.
Gauche et Démocratie mené par l’ancien
président Aleksander Kwasniewski,
53 ans, arrive loin derrière, le courant de
centre gauche n’a que 53 élus (-3) pour
13,20 % (-1,89). Le Parti paysan populaire
avec 8,93 % (+1,96) sera représenté
avec 31 (+4) députés. Le parti populiste
Autodéfense (Samoobrona) mené par
Andrzej Lepper, 53 ans, agriculteur,
ancien vice-Premier ministre, et la Ligue
des familles polonaises (extrême droite)
de Roman Gyertych, 36 ans, disparaissent
du Parlement, ayant obtenu respectivement
1,54 % (-9,87) perdant ses 57 députés et 1,3 % (-6,67) perdant ses
33 députés. Le Parti des femmes avec
0,26 % ne rencontre guère de succès.
Parmi les élus po figure Jarosław
Walesa, fils de Lech Walesa, qui soutient
aussi le gouvernement Tusk.
La participation a atteint un record
avec 53,79 % car le taux est traditionnellement
bas en Pologne.
Un accord est conclu entre la Plateforme
civique de Donald Tusk et le
Parti paysan de Waldemar Pawlak, pour
former un gouvernement. Il manquait
22 sièges au PO pour avoir la majorité
absolue. Le PSL a 3 portefeuilles sur 17,
dont l’Économie qui revient au leader
du parti, Waldemar Pawlak, nommé
vice-Premier ministre. Le PSL risque
de susciter quelques difficultés car il est
hostile à la flat tax prônée par le Premier
ministre.
Ministre de la Défense jusqu’en février
2007 dans le gouvernement Kaczynski,
Radoslaw Sikorski, 44 ans, devient
ministre des Affaires étrangères malgré
les réticences du président Kaczynski.
Il avait émigré au Royaume-Uni en
1981 et a été ensuite correspondant de
guerre. C’est un atlantiste convaincu.
La Défense revient à Bogdan Klich, les
Finances à Jacek Rostowski et l’Intérieur
à Grzegorz Schetyna.
Il n’y a que 5 femmes sur 17 ministres
(Santé, Éducation, Développement
régional, Travail et Enseignement supérieur).
On compte aussi 5 ministres
techniciens, dont la Justice avec le professeur
Zbigniew Cwiakalski.
Reste l’incertitude de la cohabitation
avec le président Kaczynski.
Le Premier ministre Jaroslaw Kaczynski
présente la démission de son
cabinet. Le 9 novembre Donald Tusk
est chargé de former le gouvernement
et prête serment le 16 novembre.
Le nouveau gouvernement cherche à
la fois l’apaisement avec l’Union européenne
et la Russie. Il lève son opposition
à la création d’une journée
européenne contre la peine de mort et à l’entrée de la Russie dans l’OCDE. Beaucoup
de contentieux n’en demeurent
pas moins avec Moscou. Cependant, le
7 décembre, les ministres des Affaires
étrangères des deux pays se rencontrent,
cherchant à normaliser leurs relations.
Les élections au Sénat ont donné
une écrasante majorité à la Plate-forme
civique qui a 60 sièges contre 39 à Droit
et Justice et 1 indépendant, l’ancien
Premier ministre social-démocrate
Wlodzimierz Cimoszewicz.

Pouvoirs n°124 - 1er juillet - 30 septembre 2007

30 août 2007. Effondrement de la coalition
gouvernementale et dissolution
de la Chambre
. Le vice-Premier
ministre et ministre de l’Agriculture,
leader du parti populiste Samoobrona
(Autodéfense), Andrzej Lepper, est
limogé pour des motifs de corruption.
Mais la situation n’est pas idyllique
non plus dans le camp présidentiel
puisque Artur Pilka, 35 ans, vice-président
du Comité olympique polonais,
membre de l’Assemblée du Conseil de
l’Europe et surtout conseiller du président
Kaczynski, est interpellé pour
trafi c de stupéfi ants le 8 juillet et limogé
de son poste à la présidence.
Le Bureau central anticorruption est
accusé d’être un outil politique.
Samoobrona hésite à quitter la coalition
car il peut craindre les effets
d’une dissolution. Il décide de rester le
10 juillet. Puis le 5 août il retire ses deux
ministres du gouvernement.
Le 8 août, le Premier ministre limoge
le ministre de l’Intérieur, Janusz Kaczmarek,
impliqué dans une affaire de
corruption. Wladyslaw Stasiak le remplace.
Janusz Kaczmarek est interpellé
par l’Agence de sécurité intérieure (ABW),
ainsi que l’ancien chef de la police Konrad
Kornatowski et le PDG de la compagnie
d’assurances polonaise PZU, propriété
de l’État, Jaromir Netzel, dans le cadre
d’une opération du Bureau anticorruption
au ministère de l’Agriculture.
La dissolution est inévitable et est
décidée le 7 septembre par les membres
de la Sejm (Chambre des députés), les
élections intervenant ainsi deux ans
avant l’échéance prévue. À l’issue d’un
long débat houleux il y a 377 voix en
faveur de la dissolution contre 54 et
20 abstentions. En vertu de la Constitution,
la majorité des 2/3 du nombre total
des députés de la Sejm était requise, soit
307. Suite à cette autodissolution, de
façon inattendue, le Premier ministre
a révoqué 15 de ses 22 ministres pour
contourner les motions de défi ance
déposées contre eux par les libéraux
de la Plate-forme civique. Le Premier
ministre a promis de redonner leurs
portefeuilles à ces ministres.
Le président de la République, Lech
Kaczynski, frère jumeau du Premier
ministre Jaroslaw Kaczynski, a fixé la
date des élections au 21 octobre.

7 juillet 2007. Radio Marya. La station
intégriste Radio Marya, fondée en 1991,
est encore au coeur des polémiques. Le
7 juillet le père Tadeusz Rydzyk, animateur
et fondateur de la radio, accuse
le président Kaczynski de « s’écraser
devant le lobby juif » et son épouse, qui
s’est opposée à une interdiction totale
de l’avortement, d’être une « sorcière ».
Est-ce une rupture avec le PiS, parti
des frères Kaczynski que la radio avait
fortement soutenu ?
Pourtant le père Rydzyk reste à
la tête de la station, ses supérieurs le
lavant de toute accusation d’antisémitisme.
Le 5 août, il est reçu par le
pape Benoît XVI. On s’interroge sur
le sens de cette audience car en 2006
le Vatican avait mis en garde le père
Rydzyk. Le 9 août, le Vatican publie un
communiqué affirmant que l’audience
du père Rydzyk « n’implique aucun
changement de la position bien connue
du Saint-Siège sur les rapports entre
catholiques et juifs ».
La radio divise les évêques polonais.
Dans une déclaration du 4 septembre,
l’archevêque de Cracovie, ancien
secré taire particulier de Jean-Paul II,
fi gure respectée de l’Église polonaise,
Mgr Stanisław Dziwisz, demande la
démission du père Rydzyk.
Très anti-européenne, la radio n’en
demande pas moins à être financée par
l’Union européenne, soutenue en cela par
le ministère du Développement régional
afin de faire financer son école de journalisme.
Elle recevra 15,3 millions d’euros.