28 avril 2009. Premier ministre. Les frasques du Premier ministre Silvio Berlusconi auront-elles un effet sur sa situation politique ? Veronica Lario, 53 ans, épouse du Premier ministre, demande le divorce après dix-neuf ans de mariage, trente ans de vie commune et trois enfants. Cette décision est motivée par le fait que son mari s’est rendu à l’anniversaire d’une jeune Napolitaine, Noemi Letizia, 18 ans. Celle-ci, un peu ingénue, a déclaré qu’elle l’appelait « Papounet » et lui rendait souvent visite.
Silvio Berlusconi porte plainte contre le quotidien espagnol El País, qui a publié cinq photos gênantes prises dans sa villa sarde. Elles figurent parmi plusieurs centaines de photos saisies par la justice. On y voit notamment il Cavaliere dans le jardin, entouré de plusieurs femmes, deux bronzant seins nus ainsi qu’un homme dans le plus simple appareil. Une des photos montrerait l’ancien Premier ministre tchèque Mirek Topolanek nu. Celui-ci a dit qu’il s’agissait d’un photomontage.
Le scandale franchit encore un degré lorsqu’une femme affirme avoir été payée par un entrepreneur, ami de Silvio Berlusconi, pour aller chez celui-ci. Patrizia D’Addaria, dite D’Addy, reconnaît publiquement les faits et affirme pouvoir prouver la véracité de ses propos à l’aide d’enregistrements audio, de photos au domicile romain de Silvio Berlusconi et d’écoutes téléphoniques menées par un juge dans le cadre d’une affaire de pots-de-vin. L’avocat du Premier ministre est d’une maladresse insigne − affirmant que son client « pourrait avoir beaucoup de femmes gratuitement » et qu’en tout état de cause il ne pouvait pas être accusé d’« incitation à la prostitution » étant, éventuellement, « un utilisateur final et donc pas punissable pénalement » [sic].
Dénonçant « des foutaises et des ordures », le Premier ministre se refuse à répondre aux demandes d’explication demandées le 19 juin par le quotidien de la conférence des évêques, l’Avvenire. C’est aussi l’hebdomadaire Famiglia Cristiana qui prend position contre Silvio Berlusconi.
7 et 20-21 juin 2009. Élections locales. En même temps que les élections européennes avaient lieu des élections communales et provinciales partielles. 62 provinces (sur 100) et 30 grandes villes étaient en jeu. Ces élections sont marquées par une poussée du Parti du peuple de la liberté de Silvio Berlusconi, même s’il n’atteint pas son objectif de 3 millions d’électeurs (il en recueille 2,7), et encore plus de la Ligue du Nord qui semble s’étendre au sud du Pô.
Au premier tour, 26 exécutifs provinciaux, dont celui de Naples, passent du pd au pdl au premier tour.
Silvio Berlusconi et ses alliés emportent les provinces d’Avellino, Bari, Barletta-Andria-Trani, Bergame, Biella, Brescia, Chieti, Crémone, Coni, Isernia, Latina, Lecco, Lodi, Macerata, Monza e Della Brianza, Naples, Novare, Padoue, Pescara, Plaisance, Salerne, Sondrio, Teramo, Verbano-Cusio-Ossola et Vérone.
La gauche et ses alliés emportent les provinces de Bologne, Florence, Forli-Cesena, Livourne, Matera, Modène, Pérouse, Pesaro et Urbino, Pise, Pistoia, Potenza, Reggio d’Émilie, Sienne et Terni.
21 juin 2009. Référendum. 15 jours après les élections européennes a lieu un référendum sur la loi électorale. La Ligue du Nord a obtenu ce report, espérant ainsi que la participation n’atteigne pas les 50 % nécessaires, ce qui a été le cas. Les Italiens devaient se prononcer sur une modification de la loi électorale renforçant les grands partis, rehaussant les seuils d’entrée à la Chambre des députés à 4 % des voix et à 8 % au Sénat et interdisant aux candidats de se présenter dans plus d’une circonscription. Or la loi électorale aurait renforcé le bipartisme, la prime majoritaire allant non pas à la coalition gagnante mais au parti arrivé en tête, ce qui inquiétait les alliés de Silvio Berlusconi et notamment la Ligue du Nord.
Le Premier ministre envisage un autre référendum, qui permettrait de réduire de moitié le nombre des parlementaires, plutôt que d’utiliser la voie parlementaire car « on ne demande pas aux dindes de devancer Noël »…
Mais suite aux résultats des élections du 7 juin qui ont vu un excellent résultat de la Ligue du Nord, Silvio Berlusconi pourrait faire machine arrière sur la réduction du nombre des parlementaires.
Janvier-février 2009. Euthanasie. Dans le coma depuis le 18 janvier 1992 suite à un accident de la route, Eluana Englaro, aujourd’hui âgée de 37 ans, vivait dans un état végétatif. Une décision du tribunal administratif de Milan a obligé la région de Lombardie à indiquer une clinique susceptible d’accueillir la malade après la décision de la cour d’appel et de la Cour de cassation en novembre 2008 qui a autorisé « la suspension de l’alimentation et de l’hydratation artificielles parce que l’irréversibilité de l’état végétatif a été prouvée ». Elle a été transférée dans une clinique d’Udine. La décision divise l’Italie.
Le Premier ministre fait adopter en urgence un décret-loi le 6 février pour interdire l’arrêt de l’alimentation. Le chef de l’État refuse de signer le texte. Silvio Berlusconi menace de modifier la Constitution. Le Parlement devait adopter un projet de loi, mais la mort d’Eluana Englaro le 9 février, trois jours après l’arrêt de son alimentation, a conduit le Parlement à examiner le 10 février un projet de loi sur le testament biologique. Les médecins ont respecté le protocole autorisé par la justice.
22 et 27-29 mars 2009. Peuple de la liberté. Le 22 mars, les postfascistes de l’Alliance nationale de Gianfranco Fini, actuellement président de la Chambre des députés, proclament à Rome la dissolution de leur parti né en 1995 pour remplacer le Mouvement social italien néofasciste. Les postfascistes fusionnent avec Forza Italia de Silvio Berlusconi pour former Peuple de la liberté, grande formation de centre droit.
Pour tester sa force, Silvio Berlusconi veut être personnellement tête de liste dans chacune des circonscriptions italiennes aux élections européennes. Bien entendu, il ne siégera pas au Parlement européen, démissionnant aussitôt après les élections ; cela ne renforcera pas la crédibilité des élections européennes.
13-14 avril 2008. Élections législatives. Après la démission du ministre de la Justice Clemente Mastella, et suite au retrait du parti chrétien-démocrate (udeur) de la coalition, le président du Conseil, Romano Prodi, sollicite un vote de confiance auprès des chambres. S’il a remporté le vote à la Chambre des députés par 326 voix contre 275, il perd celui du Sénat par 161 voix contre 155 seulement en sa faveur. Il a aussitôt présenté la démission de son gouvernement au président de la République, Giorgio Napolitano.
Le 30 janvier, le président de la République désigne le président du Sénat Franco Marini pour étudier la possibilité de former un gouvernement intérimaire chargé de modifier les règles électorales. Ce dernier n’ayant pas trouvé une majorité suffisante pour cette mission, le président signe le 6 février le décret de dissolution des deux Chambres.
La Chambre des députés (Camara dei deputati) comprend 530 membres et le Sénat (Senato della Repubblica), 322. Les députés sont élus au système proportionnel au sein de 26 circonscriptions. Les sénateurs sont élus dans le cadre de circonscriptions régionales. Le Sénat compte, en outre, 7 sénateurs à vie.
Près d’une centaine de partis étaient en lice.
Le traditionnel allié démocrate-chrétien de Silvio Berlusconi, Pier Ferdinando Casinio rompt avec Il Cavaliere, n’acceptant pas d’abandonner son symbole et de se fondre dans le nouveau parti de droite Alliance du peuple de la liberté. Il présente une liste indépendante fondée sur « la défense de l’identité chrétienne des Italiens ».
Le Parti démocrate décide d’exclure de ses listes tout candidat ayant subi une condamnation en première instance.
Le Parti démocrate décide de se présenter seul aux élections ; c’est la fin de la coalition de l’Olivier.
Le prince Emmanuel-Philibert de Savoie est candidat à la tête d’une liste Valeurs et Futur.
La question de la privatisation d’Alitalia surgit dans la campagne. Silvio Berlusconi propose de créer un groupe d’entrepreneurs italiens pour contrer l’offre d’Air France-KLM, alors que Walter Veltroni, leader de la gauche, choisit Air France. Finalement, le groupe franco-néerlandais renonce le 21 avril en raison de l’opposition des syndicats et des obstacles politiques suite aux élections ; Silvio Berlusconi se tourne vers Aeroflot.
Le scrutin aurait pu être reporté. En effet, la liste Démocratie chrétienne avait été illégalement écartée par le ministère de l’Intérieur au motif que son symbole ressemblait trop à celui d’un autre petit parti. Or le Code électoral prévoit que les partis doivent disposer de 30 jours pour faire campagne. La décision du Conseil d’État étant intervenu le 2 avril, les élections auraient dû être reportées, ce à quoi s’oppose Silvio Berlusconi en tête dans les sondages. Finalement, le petit parti renonce à demander le report du scrutin.
L’Alliance du peuple de la liberté menée par Silvio Berlusconi, richissime homme d’affaires (son patrimoine est estimé à 9,4 milliards de dollars), évincé du pouvoir en 2006, obtient 47,05 % des suffrages et 338 des 630 sièges (dont 272 à l’Alliance du peuple de la liberté, 60 à la Ligue du Nord et 8 au Mouvement pour l’autonomie) contre 37,8 % à l’Alliance du Parti démocratique menée par Walter Veltroni, 52 ans, maire de Rome depuis 2001, qui a 239 élus (dont 211 au Parti démocrate et 28 à Italie des valeurs). L’Union du centre a 5,65 % et 36 élus et la Gauche arc-en-ciel 3,15 % et aucun élu. Il y a 3 élus régionalistes en Val d’Aoste et Trentin-Haut-Adige/Tyrol du Sud). La participation a été de 80,5 %.
Au Sénat, l’Alliance du peuple de la liberté obtient 47,3 % des voix et 168 des 315 sièges (141 à l’Alliance du peuple de la liberté, 25 à la Ligue du Nord et 2 au Mouvement pour l’autonomie) contre 38 % et 132 sièges au Parti démocratique (116 au Parti démocrate et 14 à Italie des valeurs), 5,7 % à l’Union du centre et 3 élus et 3,2 % à la Gauche Arc-en-ciel et aucun sénateur. Il y a 8 sénateurs appartenant à des formations diverses. La participation a été de 80,4 %.
Ces élections écrasent les petits partis et traduisent une bipolarisation. Au sein de la droite, le poids de la Ligue du Nord devrait être fort et gêner Silvio Berlusconi. La coalition de droite obtient son meilleur résultat en Lombardie et son plus mauvais en Toscane.
8 mai 2008. Gouvernement. Silvio Berlusconi prête serment comme président du Conseil suite aux élections. La Ligue du Nord, parti populiste allié de Silvio Berlusconi, qui avait doublé ses résultats aux élections, obtient 4 postes ministériels (ministère des Réformes qui revient à son leader, Umberto Bossi, qui l’avait déjà occupé ; Intérieur pour Roberto Maroni ; Agriculture pour Luca Zaia, et Simplification législative pour le provocateur Roberto Calderoli). Franco Frattini, commissaire européen, devient ministre des Affaires étrangères, Ignazio La Russa, ministre de la Défense, ancien néofasciste, et Giulio Tremonti, ministre de l’Économie. Gianni Letta, plus proche collaborateur de Silvio Berlusconi, redevient sous-secrétaire à la présidence du Conseil. Le délicat portefeuille de l’Économie va à un ancien socialiste devenu berlusconiste en 1994, Giulio Tremonti.
Le gouvernement obtient la confiance des députés le 14 mai par 335 voix contre 275 et le lendemain celle des sénateurs par 173 voix contre 137.
L’équipe gouvernementale compte 60 membres (le président du Conseil ; sous-secrétaire d’État à la présidence, 21 ministres – dont 4 femmes − et 37 sous-secrétaires d’État), soit 43 de moins que celle de Romano Prodi.
18 et 27 juin 2008. Justice. Comme lors de ses précédents passages aux affaires, Silvio Berlusconi fait modifier les textes relatifs à la justice afin d’avoir à éviter à répondre devant elle ; c’est ainsi que le Sénat adopte le 18 juin un amendement à un projet de loi, dit « sauve-Premier ministre », prévoyant de suspendre pendant un an certains procès, en donnant la priorité aux faits les plus graves et surtout les plus récents. Les procès concernant les faits commis avant le 30 juin 2002 seront suspendus parmi lesquels celui qui vise le chef du gouvernement pour corruption.
La guerre contre les juges devrait se poursuivre de la part d’Il Cavaliere.
Cette initiative suscite un vif agacement du président de la République, Giorgio Napolitano, et la fureur des magistrats italiens. D’autres projets visant à épargner au Premier ministre les foudres de la justice sont en préparation.
Le 27 juin, le gouvernement approuve un projet de loi visant à accorder l’immunité aux quatre plus hauts personnages de l’État : le président de la République, le président du Conseil et les présidents des deux assemblées.
17 et 24 janvier 2008. Gouvernement.
Impliqué dans une enquête judiciaire,
le ministre de la Justice Clemente Mastella
confirme la démission qu’il avait
annoncée la veille et que Romano Prodi
avait refusée. Le ministre clame son
innocence. Il est accusé notamment de
« tentative de concussion » et son épouse,
Sandra Lonardo, présidente de l’exécutif
régional de Campanie, est accusée de
corruption. Cette démission risque de
remettre en cause le soutien du parti centriste
et catholique Udeur qui pourtant
ne représente que 1,4 % de l’électorat et
de fragiliser le gouvernement. Mais il
dispose de 3 sénateurs, or la majorité au
Sénat n’est que de 2 voix. Le 21 janvier le
parti centriste quitte la coalition.
Le 23 janvier, le gouvernement de
Romano Prodi obtient la confiance à
la Chambre des députés par 326 voix
contre 275, mais le lendemain il est
mis en minorité au Sénat avec 161 voix
contre 156 entraînant la démission du
président. Le 30 janvier, le président
Giorgio Napolitano demande à Franco
Marini, démocrate chrétien de centre
gauche, président du Sénat, de tenter
de former un gouvernement intérimaire
pour éviter une dissolution immédiate.
Le chef de l’État souhaite qu’il puisse
trouver une majorité pour réformer la
loi électorale.
Finalement, Franco Marini ayant
informé le chef de l’État de son incapacité
à former un gouvernement,
le président Napolitano se résout à
contrecoeur à dissoudre le Parlement
le 6 février. Les élections auront lieu
les 13 et 14 avril.
Avec 649 jours, le gouvernement
Prodi, en fonction depuis le 17 mai 2006,
aura été au pouvoir pendant la deuxième
législature la plus courte de l’histoire de
la République italienne.
Le scrutin opposera Silvio Berlusconi,
71 ans, magnat des médias, qui se
présentera pour la cinquième fois, avec
une coalition comprenant Forza Italia,
son parti, l’Alliance nationale, les centristes de l’UDC et la Ligue du Nord, et Walter Veltroni, 52 ans, maire de Rome,
leader du nouveau parti démocrate qui
écarte l’idée d’une coalition aussi large
que celle de Romano Prodi.
26 janvier 2008. Sicile. Salvatore Cuffaro,
50 ans, président du gouvernement
régional UDC (Union des démocrates
chrétiens) depuis le 11 juillet 2001,
démissionne de ses fonctions de président
de la Sicile. Le vice-président Lino
Leanza, 51 ans, assure l’intérim. Salvatore
Cuffaro avait été réélu en 2006 face
à la militante anti-Mafia, Rita Borsellino,
soeur du magistrat assassiné par la
Mafia en 1992.
14 octobre 2007. Parti démocrate. Walter
Veltroni, maire de Rome, devient le leader
de la nouvelle formation de centre gauche,
le Parti démocrate, issu de la fusion des
Démocrates de gauche, héritiers de
l’ancien Parti communiste italien et de
la Marguerite, de tendance démocrate
chrétienne. Il est plébiscité avec 70 % des
voix à l’occasion de primaires organisées
comme celles de 2005, qui avaient désigné
Romano Prodi. Chaque électeur a versé
un euro symbolique pour voter. La participation
dépasse 3 millions de votants.
Walter Veltroni, 52 ans, Démocrates de
gauche, l’emporte avec 2 666 750 voix
(75,63 %) sur Rosy Bindi, ministre centriste
de la Famille qui recueille 453 067
voix (14,04 %) et Enrico Letta, secrétaire
à la présidence du Conseil, 389 271 voix
(10,14 %). Mario Adinolfi et Piergiorgio
Gawronski n’obtiennent que 5 906 voix
(0,13 %) et 2 376 voix (0,06 %). Les électeurs
ont aussi désigné les 2 400 membres
de l’Assemblée constituante du nouveau
parti.
Walter Veltroni devient un rival pour
Romano Prodi.
L’Assemblée constituante réunissant
2 853 délégués dont 50 % de femmes a
lieu le 27 octobre à Milan.
9 décembre 2007. Gauche radicale. La
gauche radicale se regroupe au sein d’une
fédération, « la Gauche arc-en-ciel ». Elle
regroupe les deux partis communistes
(PDCI et PRC) et les Verts. Des dissidents
des anciens Démocrates de gauche qui
ont refusé de rejoindre le nouveau parti
démocratique créé en octobre par Walter
Veltroni se sont associés à cette démarche.
Ce groupe comptera 93 députés et 41
sénateurs.