Alain BAUER

Les tâches de la police et les mutations de la délinquance

Pouvoirs n°102 - La police - septembre 2002 - p.17-30

Les conflits sociaux qui ont marqué la fin de l’année 2001 à la fois dans la
police et la gendarmerie nationales ont révélé au grand jour plusieurs crises
dans le domaine de la sécurité intérieure. Une crise culturelle qui est devenue
une crise sociale et qui a permis, pour la première fois dans son histoire,
à la gendarmerie nationale d’exprimer son mécontentement par des manifestations
publiques. Une crise sociale qui tend à devenir une crise structurelle
et qui mine la police nationale. Des crises de toutes natures qui affectent
les magistrats, l’administration pénitentiaire, les douanes. Toute la
chaîne pénale est ainsi affectée par des troubles massifs et concomitants.
La police nationale vit entre mythologie et réalité sans rencontrer ou analyser
véritablement la réalité de la criminalité ni prendre en compte ses
mutations. L’insécurité n’est plus une psychose. Le réel vécu s’affirme, complète
en le relativisant le réel statistique connu. Pour sa part, le système pénal
français a tiré depuis 1972 les conséquences de l’apparition de contentieux de
masse qui submergeaient les prétoires (chèques sans provision, délits liés à
l’automobile). Depuis, la loi s’effiloche : décriminalisation, dépénalisation,
contraventionnalisation, classement sans suite, dispositifs palliatifs ou alternatifs
s’accumulent.
Le temps est venu de sauver les forces publiques de sécurité.

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