Denis KESSLER

La marge de manoeuvre des Etats. La dictature des marchés ?

Pouvoirs n°142 - septembre 2012 - Les Etats sous la contrainte économique - p.71-91

La crise des dettes souveraines qui s’est aiguisée au cours de ces dernières
années a fait réapparaître le thème de la dictature des marchés. Derrière
celui-ci se cache une longue liste de reproches : les marchés auraient pour seul
objectif la spéculation, ils seraient myopes et court-termistes, ils fonderaient
leurs décisions sur la base de notations émises par des agences irresponsables
et ils exerceraient une pression inadmissible sur les pays emprunteurs. En un
mot, ils bafoueraient la démocratie. La plupart de ces critiques ne résistent
pas à l’analyse. Elles découlent largement du besoin des gouvernements de
désigner un bouc émissaire face à la réticence des citoyens à accepter des
efforts. Ceux-ci paraissent d’autant plus injustes à l’opinion publique qu’ils
visent à rembourser des dettes dont les citoyens ne se sentent pas individuellement responsables. Il n’en demeure pas moins vrai que, en menant
des politiques budgétaires insoutenables, les États se sont eux-mêmes placés
dans une situation de dépendance vis-à-vis des marchés conduisant à certains
égards à une situation d’inversion de la tutelle.

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